Sur le chemin du bureau, ce matin… Devant moi un enfant cinq ans tout au plus, en train de faire rouler son pneu avec cette concentration et cette insouciance dans le plaisir que seule l’enfance sait procurer…
Coupé de tout, du bruit des voitures, des dangers aux alentours. Tenant dans l’autre main un sachet, la commission qu’on lui a certainement demander de faire à la boutique… Plus rien n’avait d’importance que ce pneu qu’il faisait rouler consciencieusement…
J’ai levé le pied pour profiter du spectacle, restant le plus longtemps possible derrière lui et me faisant toute petite. Pendant l’espace d’un instant, plus rien n’a eu de l’importance aussi à mes yeux. L’instant d’avant j’avais la tête remplie de toutes les obligations qui m’attendais. J’étais plus qu’en retard pour le travail. Tout cela n’avait d’un coup plus aucune importance. Je me suis sentie juste en fusion, le cœur en joie avec des étoiles dans les yeux et me suis vue à la place de cet enfant, focalisée sur le pneu, fallait pas qu’il tombe…
Le faire rouler le plus loin possible encore et toujours, riant aux éclats à chaque fois que nous réussissions à le redresser in extremis, le sauvant d’une chute qui aurait gâché tout notre plaisir.
Nous faisons rouler notre pneu sur le côté, un passant en face de nous, nous ayant fait de grands signes indiquant la présence d’une voiture derrière nous. Un coup d’oeil derrière nous suffit à nous faire voir la voiture, nous détournons le regard sans lui accorder la moindre importance. Nous contentant de faire monter notre pneu sur le trottoir pour laisser la voiture passer.
La magie de l’instant est rompue…
Chacun d’entre nous reprenant sa place dans la vie, la réalité nous rattrapant ainsi…
Le sachet quant à lui arrivera comme il arrivera …
A quel moment arrête-t-on d’être un enfant ?
#RetomberEnEnfance #Procrastination#PourquoiJeNeSaisPasPrendreDesPhotos

Auteure, podcasteuse, sénégalaise. Je suis passionnée d’écriture et je traite essentiellement de sujets autour de notre perception de l’autre, du jugement, des violences ordinaires… J’ai un premier recueil de nouvelles publié en 2018 que vous pourrez trouver ici… J’ai créé du Kokalam en 2017. Année après année, il continue de grandir.
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