Quand on imagine une naissance, on imagine des parents émus, peut-être un père qui s’évanouit si on a regardé trop de films. On imagine une maman épuisée, mais heureuse d’enfin tenir ce petit être dans ses bras. La mienne n’a pas été pareille. « Je n’en veux pas, je n’en veux pas, je veux un garçon » a-t-elle criait. Mon père n’était pas là pour compenser. Chouette manière de débarquer sur terre : à peine arrivée, déjà rejetée. Etais-je coupable de n’être qu’une fille ou de naitre sans père ?
Je ne sais pas ce qui se passa ensuite. Toujours est-il que je fus acceptée, sinon tolérée, et je pense aimée, par mère. Jamais je ne saurai.
D’abord rejetée par ma mère, je fus ensuite rejeté par la famille de mon père. Ils n’aimaient pas ma mère, ils ne pouvaient pas aimer ses enfants. Mon père parti, bon débarras! Etais-je coupable d’être née de ma mère ou de naitre sans père ?
Puis, je fus rejetée par la famille de ma mère. Prendre en charge quatre orphelines quand on a déjà du mal avec soi-même ? Et puis quoi encore ? Et surtout pas celles-ci : leur ethnie est bien connue pour la sorcellerie, hors de chez nous! Mon père parti, bon débarras ! Etais-je coupable d’être de mon père ou d’être sans père ?
Me voici, 35 ans plus tard, devant un psychologue du travail. « Hautement diplômée » disait-on, ce n’était pas normal que je n’arrive pas à me positionner sur un poste. Problème posé, direction la psychologue pour un bilan de compétence et surtout trouver « une légitimité ».
Pleine d’assurance et rayonnante, j’arrive devant elle, l’écoute posément m’exposer son rôle et me garantir la confidentialité. Posément, je lui dis que mon problème est très simple, j’ai une formation très académique qui m’handicape pour intégrer le secteur privé. Il me faut encore un peu plus de formation.
Sauf que ça fait 30 ans que je suis en formation.
Elle cherche, elle tourne. Lent glissement du professionnel au personnel. « Vos parents, ils vous ont désirée ? » « Oui… non… elle voulait un garçon… ». Mouchoirs et bouteille d’eau s’il vous plait. Je m’effondre.
Sine
Comme fait la propriétaire de ce site, la fin me laisse sur ma faim.
À ma décharge, cette fois-ci, tu ne peux pas me le reprocher 😂😂😂