Baba Sidy a perdu sa maman, nous avons perdu une tante et nos parents ont perdu leur grande soeur.
Le premier souvenir qui m’est revenu en tête la concernant c’est son amour de la cuisine. Je la revois encore dans sa cuisine à Saint-Louis au Sud entourée de fourneaux et entrain de surveiller ses cuissons. Keftas, Adra, Zaalouk, il suffisait de demander, elle avait toujours au moins 3 plats en cours.
Chez elle, c’était nous qui avons toujours décidé de ce que nous voulions faire ou manger, elle nous a toujours tout autorisé, tout permis. Nous voulions toujours manger des choses improbables. Elle accédait à nos moindres désirs.
Je la revois encore tournoyer dans les bras de l’amour de sa vie, de son mari, sur un air de Oum Kalthoum, dans leur salon au sud de l’île. Il ne m’a jamais été donné de voir un couple aussi fusionnel, ils ont été tout l’un pour l’autre. Son mari lui passait tout, lui a tout donné. Et lui était l’amour de sa vie. Hier, ils ont eu 48 ans ensemble, hier on l’a mise en terre. C’était la première nuit depuis autant d’années que O.B (comme elle l’appelait affectueusement) se couchait en ayant la certitude que plus jamais ils ne seront ensemble sur terre. D’aussi loin que je me souvienne, je n’ai jamais vu l’un sans l’autre. Leur devise était : « ton pied, mon pied »
Nous avons passé ces deux derniers jours, en famille, entre rires et larmes, à nous souvenir.

Auteure, podcasteuse, sénégalaise. Je suis passionnée d’écriture et je traite essentiellement de sujets autour de notre perception de l’autre, du jugement, des violences ordinaires… J’ai un premier recueil de nouvelles publié en 2018 que vous pourrez trouver ici… J’ai créé du Kokalam en 2017. Année après année, il continue de grandir.
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